Qu’est ce que le lâcher-prise ?

 

La première question à se poser ne serait-elle pas, avant de prétendre « lâcher », savoir ce que nous « tenons » ?

 

Au commencement de toute « prise » se trouve l’Ego. Celui-ci désigne la représentation et la conscience que l’on a de soi-même.

Nous avons l’impression d’exister indépendamment de tout. C’est-à-dire tout ce qui n’est pas « moi », le reste du monde… Cette identification au « moi » nous fait sentir éternellement séparer, à la fois dans la peur et dans une illusion de toute puissance.

Lâcher-prise c’est abandonner cette illusion de la séparation.

Ce n’est pas une négation de nous-même en tant qu’individu différent des autres. C’est reconnaître que nous somme l’ensemble d’un tout. Nous acceptons alors l’autre, quel qu’il soit.

 

 

oser lacher prise

Lâcher-prise c’est accepter ce qui ne peut être changé.

Cela ne signifie pas tomber dans la paresse ou dans le « carpe diem » au sens extrême.

Nous pouvons organiser, prévoir, et ne sommes pas dispensés de nos responsabilités. Le lâcher-prise n’est pas se résigner, mais être conscient de ses limites. Faire la différence entre les événements où nous avons un champ d’action possible, et ceux qui ne sont pas sous notre contrôle.

 

« Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. » 

Marc-Aurèle

 

Nous gardons ainsi toute notre énergie pour agir quand cela est nécessaire. Au lieu de la gaspiller en présomptions, stress que nous créons mentalement à ruminer. En renonçant à contrôler l’avenir, nous avons souvent un moment présent de meilleure qualité.

Le lâcher prise n’implique donc pas de renoncer à nos buts, nos objectifs, mais de le faire peut être d’un façon différente.

Prenons un exemple simple qui permettra de mieux comprendre. Il vous est sans doute déjà arrivé d’avoir un mot sur le bout de la langue et de vous acharner pendant un certain temps pour le retrouver, sans succès. On dirait que plus vous faites des efforts, moins vous vous en souvenez. Finalement, vous passez à autre chose, vous « lâchez-prise » et arrêter de chercher. Rapidement, le nom recherché arrive de lui-même et sans aucun effort.

Penser de façon obsessionnelle à un problème est la plupart du temps inefficace et ne le règle pas. On appelle cela de la résistance. Au contraire, s’en détacher provisoirement peut permettre à notre cerveau de trouver certaines solutions. Il peut alors laisser la place à l’originalité et la créativité!


 Lâcher prise, également un acte de confiance.

 

Pourquoi est- ce si difficile de lâcher prise ? Souvent nous nions ou avons peu conscience des peurs liées a l’absence de contrôle que nous pouvons avoir. Peur d’être dominé, de se tromper, de manquer… Plus nous sommes dans le contrôle et plus cela démontre une insécurité.

Nous devons accepter nos limites, reconnaître la valeur des autres dans leur différence, et notre capacité de faire ce qui est dans le présent.

Si notre « moi » retrouve sa place, en acceptant de ne pas être parfait, d’avoir des forces et des faiblesses, alors nous découvrons ce qu’est réellement la confiance en soi.

 

 

Notre difficulté à faire le deuil.

Combien de fois répétons nous des comportements stériles ? Nous sommes enfermés dans des croyances, des idées de règles à suivre. Elles nous font perdre notre créativité et nous condamnent à répéter sans cesse les mêmes erreurs.

Pensez aux fois où vous avez refait la même intervention avec un collègue, un enfant, un conjoint, intervention qui ne nous donne jamais le résultat escompté mais que nous répétons inlassablement, contre toute logique, en pure perte, avec la même déception récoltée à la fin….

Faites le deuil des croyances comme par exemple : il faut que tout soit parfait, je dois tout faire moi-même, tout doit se passer comme je le souhaite….

Le défi pour avancer est donc de comprendre que ce que nous avons connu dans le passé n’est plus la, et ne reviendra plus. Demandez vous dans ces situations de quoi vous devez faire le deuil ? De votre confort, d’une habitude , d’un comportement, d’une sensation de sécurité, d’une image de vous, de l’organisation de votre temps, de l’avenir tel que vous l’imaginiez etc…

 

 

 

 

Comment s’y prendre?

 

La chose la plus importante est la prise de conscience. Être conscient de nos émotions, pouvoir les exprimer. Être conscient de l’absurdité du contrôle sur ce que l’on ne peut ni changer ni influencer, de la perte d’énergie que cela représente.

 

Lorsqu’un problème apparaît dans votre esprit, sur lequel vous ruminez sans parvenir à passer à autre chose, centrez-vous sur votre respiration.

Imaginer qu’à chaque expiration vous repoussez la colère, la tristesse ou tout autre sentiments négatifs. Et qu’a chaque inspiration vous inhalez la confiance, la joie, la gratitude.

Vous pouvez aussi créez des rites pour vous débarrassez symboliquement de ce qui vous fait mal. Ecrire une lettre de ressentiment puis la jeter au feu par exemple….

 

Dans la pratique au quotidien, nous pouvons commencer par accepter que nous sommes toujours ici et maintenant. Nous refaisons sans cesse le monde avec des « si », des « quand », en pensant à ce qui aurait du ou pu être. Le passé et la futur n’existe que dans nos pensées qui surgissent dans le moment présent.

Nous aimerions parfois avoir le contrôle sur des événements où justement nous n’en avons pas. Lorsque nous réalisons que nous ne pouvons changer ni les événements, ni les autres, et que nous ne pouvons changer que notre façon de les percevoir, alors nous découvrons le lâcher prise. C’est un cadeau fait à nous même, une chance de vivre avec moins de stress.

 

 

La pratique de la méditation peut aider au lâcher prise.

 

Il faut parfois trouver une manière de prendre du recul, d’arrêter le flot des pensées, de se reposer. La méditation nous aide à être dans le moment présent, et nous permet de réaliser que tout est en constant changement.

Tout passe, les événements heureux comme les malheureux. Nous avons souvent l’impression que tout est permanent que nous n’arriverons jamais à changer une situation, que ce sera toujours pareil… Mais tout change, et si on le refuse, nous entrons en résistance, et c’est la que nous souffrons… Faisons la paix avec ce qui est, sans rester accrocher à ce qui aurait dû arriver, à ce que les autres devraient faire etc…

 

La résistance au changement est normale. C’est une technique d’adaptation ancrée dans notre cerveau qui nous porte à vouloir fuir les situations ou les situations pouvant amener de la souffrance.  Ou pouvant troubler notre confort, nos croyances… Nous recherchons le plaisir et voulons éviter la souffrance, la résistance est donc une technique de survie. Notre cerveau cherchant à éviter les souffrances réelles comme celles que nous imaginons seulement.

La résistance est donc normale, ce qui ne l’est pas, c’est de vouloir résister tout le temps, d’en faire une position de vie. Il faut savoir choisir ses batailles, discerner celles qui ne peuvent être gagnée peu importe notre volonté.

 

metaphore lacher prise

Métaphore

 

Comme le rapporte dans une très belle métaphore l’auteur Andrew Olendzki,

le mouvement de la conscience est comme celui d’un ruisseau qui descend vivement d’une montagne.

S’il se disperse entre plusieurs embranchements, rendu en bas, il n’en restera plus qu’un filet d’eau peu profond.

 

De la même façon, le réservoir de notre énergie mentale diminue en proportion directe avec la fragmentation de notre attention.

 

En essayant de faire beaucoup de choses en même temps, nous entraînons peut-être l’esprit à traiter l’information de manière plus efficace,

mais au prix de ne plus être pleinement conscient de ce que nous faisons.

 

 

Je finirais sur cette jolie phrase d’Alexandre Jollien :

« Il faut lâcher, même le lâcherprise » 😉